Suite à quelques échanges sur les réseaux sociaux, j’ai remarqué qu’une question existentielle préoccupait un grand nombre de photographes, en particulier celleux commençant leur carrière : comment protéger mes photos ?
Si je vais m’adresser principalement ici aux photographes, celles et ceux qui ne le sont pas peuvent malgré tout être confrontés à cette problématique. Je les invite donc à lire cet article (au moins en diagonale 😉) ou à sauter directement à la partie qui les concerne plus.
Tout d’abord, derrière la question « comment protéger ses photos », se cachent deux inquiétudes : le vol et l’usage abusif d’une part, leur perte d’autre part. Voyons tout ça ensemble.
La sauvegarde pour ne pas perdre vos photos
Si vous êtes angoissé·es à l’idée de perdre vos images (cambriolage, dégâts matériels, problème logiciel), je vous conseille de retrouver la foi dans la déesse sauvegarde. J’ai déjà rédigé un article à ce sujet, mais pour résumer et parce qu’on ne le répètera jamais assez :
- Respectez la règle du 3-2-1 : au moins 3 copies de vos fichiers, sur au moins 2 supports différents, dont 1 délocalisé (pas chez vous)
- Automatisez le processus de sauvegarde : si vous devez le faire à la main et y pensez chaque jour ou chaque semaine, vous oublierez forcément à un moment, et selon la loi de Murphy c’est bien évidemment à ce moment-là que vous vous retrouverez confronté à un dégât des eaux qui noiera votre ordinateur.
- Vérifiez l’intégrité de vos sauvegardes régulièrement : ce serait dommage d’avoir 2 To de backups corrompus et inutilisables.
Protéger vos photos contre le vol et les usages abusifs
Si vous avez peur qu’une tierce personne utilise vos images sans votre permission (téléchargement illégal, usage excessif par un client, un faux-tographe qui s’en attribuerait la paternité, etc), une seule solution pour y remédier de manière très efficace : ne jamais les diffuser en ligne et ne jamais les transmettre à qui que ce soit.
Maintenant que nous sommes tous·tes très rassuré·es, passons aux solutions un peu plus réalistes.
Le CPI et la cession de droits pour limiter les usages abusifs
En France, le Code de la propriété intellectuelle (CPI) protège toutes les créations de l’esprit sans formalités (voir à ce sujet le contenu bonus du mois d’avril 2022, offert aux abonnés à la newsletter). Par le simple fait de créer une image, celle-ci est donc automatiquement protégée au sens de la loi, qui vous en fait l’auteur. Attention toutefois : il faut que cette œuvre soit originale. Elle doit porter l’empreinte de la personnalité de l’auteur pour être qualifiée de création de l’esprit et ainsi être protégée.
Lors d’un partenariat commercial toutefois, en particulier en B2B (business to business), si les droits doivent être cédés, il est primordial de le contractualiser. C’est ce que l’on appelle une cession de droit. Elle spécifie le cadre d’utilisation des visuels autorisé par l’auteur. Pour être légale, cette cession doit être écrite, spécifique et limitée : durée, zone géographique, supports et visuels concernés.
- Proposez une story à la une rappelant la loi, de manière positive et ludique comme le fait Marie Brd
- Mentionnez votre politique quant aux reposts et à vos droits d’auteurs en bio et dans vos posts sur les réseaux sociaux
- Contractualisez tout partenariat ou collaboration avec une cession de droit détaillée et claire.
- Indiquez une solution pour les personnes souhaitant utiliser ou acquérir vos œuvres : lien vers une boutique en ligne, adresse de contact, procédure à envisager, tarifs, etc.
L’antériorité contre le vol
En plus de prouver que votre œuvre est originale et qu’elle marque l’empreinte de votre personnalité, en cas de litige, on vous demandera de prouver que vous en êtes bien l’auteur.
Pour prouver que vous êtes l’auteur d’un travail, il suffit souvent d’avoir gardé les fichiers originaux (sans retouches) ou les photos hors sélection (celles qui n’ont pas été retenues). Ces photos n’ayant à priori jamais été diffusées montrent la globalité de la prise de vue et ne peuvent à priori pas être en possession du tiers revendiquant la paternité de vos images.
Une deuxième solution plutôt utile en cas de plagiat : pouvoir prouver l’antériorité. Vous pouvez vous procurer un certificat d’antériorité par le biais de l’INPI grâce à l’Enveloppe Soleau, par constat d’huissier, par lettre recommandée (adressée à vous-même) ou en utilisant la blockchain à travers une structure comme Ipocamp1Présentation d’Ipocamp sur le site Presse Profession Audiovisuel (gratuit pour les adhérents MDA) ou Fidealis par exemple.
La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations chronologique, décentralisée et infalsifiable. Elle permet une traçabilité précise des images en leur accordant une empreinte (ou un ADN) numérique qui ne peut pas être modifiée : ainsi, plus de DR à tout va pour accompagner les images dans la presse quotidienne régionale, plus de difficultés à prouver sa paternité après un partage massif sans crédits, plus de photomontages présentés comme vrais, etc. 2Blockchain and Smart Contracts in Photography.
Voir aussi : Blockchain et propriété intellectuelle (synthèse à partir de 1:39:40)
- Conservez vos fichiers bruts, quelques photos non sélectionnées, et les photos backstages
- Déposez vos photos phares à l’INPI (15€) ou sur une plateforme utilisant la Blockchain
- Adressez-vous les planches contact par lettre recommandée (ne l’ouvrez pas et conservez les certificats datés).
Copyright et Copyleft
Droit d’auteur et Copyright sont deux choses différentes. Le Copyright (©) ne protège pas l’auteur, mais l’œuvre, se focalisant surtout sur son exploitation économique. Les droits moraux de l’auteur ne sont absolument pas reconnus par le copyright et ses droits patrimoniaux sont limités : l’œuvre peut alors être modifiée sans le consentement de l’auteur. Pour bénéficier de la protection intégrale du Copyright – en particulier le paiement des frais d’avocats en cas de litiges – il est préférable de déposer ses travaux, même si le dépôt n’est plus obligatoire depuis la Convention de Berne. Enfin, le copyright ne s’applique que dans les pays anglo-saxons, et n’a aucune valeur juridique en France. Toutefois, il peut s’avérer utile dans un rôle informatif.
→ Pour en savoir davantage sur le Copyright, vous pouvez vous rendre sur le site officiel américain ou sur le site du gouvernement britannique.
Le Copyleft, ou gauche d’auteur, est une alternative au domaine public, basé sur le Copyright. Il permet de rendre libre une œuvre en obligeant toutes les versions modifiées ou étendues de ce travail à être libres également. Appliqué à l’industrie du logiciel, là où le domaine public autorise chacun à partager, modifier et privatiser un programme, le Copyleft garantit à tous les utilisateurs la liberté de le redistribuer et le modifier en stipulant que celui qui le partage doit aussi transmettre cette liberté. La licence Art Libre est un exemple de licence Copyleft valide dans tous les pays ayant signé la Convention de Berne.
Attention, si vous faites partie d’une société d’auteurs traditionnelles, il est possible que vous ne puissiez pas déposer une œuvre sous licence Copyleft.
- Déposez vos images sur Copyright-France (19€ avec assistance litige gratuite)
- Mentionnez le Copyright à proximité de vos images sous la forme © Nom Prénom, année de création
- Libérez certaines de vos créations en utilisant la licence Art Libre
Protéger vos photos avec les Creative Commons
Inspiré par le mouvement Open Source, Lawrence Lessig, juriste américain, crée une nouvelle gamme de licences, les Creative Commons (CC). Ce système peut sembler ici plutôt contre-productif pour les photographes souhaitant protéger leurs images. Pourtant, avec les CC, le créateur de contenu n’abandonne pas ses droits. Au contraire, il actionne une licence qui favorise le partage tout en lui permettant de définir et paramétrer lui-même les usages qu’il autorise. Cette innovation juridique permet de faire circuler les contenus sur le web, de les copier, de les assembler autrement, de les remixer.3Culture numérique, Dominique Cardon, Presses de Sciences Po, 2019.
Voir aussi :
› Blog de Lionel Maurel S.I.Lex ;
› La Cathédrale et le Bazar, Eric Raymond ;
› Le droit d’auteur est-il une notion périmée ?
Les Creative Commons sont donc à privilégier pour les auteurs souhaitant encourager le partage de leurs œuvres et les usages non commerciaux. Les licences CC non commerciales (NC) permettent en effet aux titulaires de droits de maximiser la distribution tout en maintenant le contrôle de la commercialisation de leurs travaux. Si quelqu’un veut utiliser votre travail commercialement et que vous avez appliqué une licence NC à votre travail, il doit alors d’abord obtenir votre autorisation.
Le tableau ci-dessous présente les différentes licences CC disponibles. Vous trouverez également sur le site CreativeCommons.org un outil pour vous aider à choisir la licence adaptée à vos besoins. Des plateformes partenaires de l’organisme permettent de licencier vos travaux directement au moment du partage : c’est le cas de Flickr, Bandcamp, Wikipédia, YouTube, Vimeo, ou Jamendo entre autres.
Terme abrégé | Contrats Creative Commons |
---|---|
CC-Zero | Zéro → Cette licence permet aux auteurs de renoncer à tous leurs droits et de placer une œuvre dans le domaine public. |
CC-BY | Attribution → Cette licence permet aux autres de distribuer, d’adapter et de s’appuyer sur votre travail, même commercialement, tant que ceux-ci vous créditent pour la création initiale. Il s’agit de la licence la plus souple (la plus permissive). Elle est recommandée pour une diffusion maximale. |
CC-BY-SA | Attribution + Partage dans les mêmes conditions → Cette licence permet aux autres d’utiliser, d’adapter et de s’appuyer sur votre travail même à des fins commerciales, tant qu’ils vous créditent et partagent leurs nouvelles créations dans des termes identiques. Cette licence est souvent comparée aux licences de logiciels libres et open source : «Copyleft». Toutes les nouvelles œuvres basées sur la vôtre devront avoir la même licence. Il s’agit de la licence actuellement utilisée par Wikipedia. C’est également un équivalent à la licence Art Libre. |
CC-BY-ND | Attribution + Pas de modification → Cette licence permet la redistribution de votre travail, y compris commercialement tant qu’on vous crédite et ne modifie rien (pas d’adaptation possible). |
CC-BY-NC | Attribution + Pas d’utilisation commerciale → Cette licence permet aux autres de distribuer, d’adapter et de s’appuyer sur votre travail, tant que la création dérivée n’est pas utilisée commercialement et qu’on vous crédite pour la création initiale. |
CC-BY-NC-SA | Attribution + Pas d’utilisation commerciale + Partage dans les mêmes conditions → Cette licence permet aux autres de distribuer, d’adapter et de s’appuyer sur votre travail, tant que la création dérivée n’est pas utilisée commercialement, qu’on vous crédite pour la création initiale et que les nouvelles créations sont partagées dans des termes identiques. |
CC-BY-NC-ND | Attribution + Pas d’utilisation commerciale + Pas de modification → Cette licence est la plus restrictive des six licences principales, n’autorisant les autres qu’à télécharger vos œuvres et à les partager tant qu’on vous crédite. On ne peut ni les modifier de quelque façon que ce soit ni les utiliser à des fins commerciales. |
CC+ | Creative Commons + → Il s’agit d’une licence CC combinée à un autre accord. Le titulaire d’un droit d’auteur peut par exemple associer une licence Creative Commons sans utilisation commerciale [CC-ND] avec un accord commercial non exclusif [+] permettant à une entreprise tierce d‘utiliser les travaux commercialement moyennant des frais. |
Attention ! Les licences CC sont irrévocables : les personnes ayant obtenu votre œuvre sous licence Creative Commons, peuvent continuer à l’utiliser selon cette licence jusqu’à fin du délai légal (en France, 70 ans après la mort de l’artiste). Vous pouvez cesser de distribuer votre travail sous la licence CC à tout moment, mais toute personne ayant eu accès à une copie du matériel peut continuer à la redistribuer en vertu des conditions de la licence CC.
- Diffusez vos photos avec la licence CC-BY-NC-ND+, autorisant les gens à partager vos images sans modifications en vous créditant et leur indiquant la marche à suivre pour acquérir les droits d’utilisation commerciale.
Diffuser mes images proprement
Les conseils précédents consistaient majoritairement à indiquer à proximité des images qu’elles sont protégées (stories à la une, contrats, copyright, creative commons). Mais vous pouvez également agir pour limiter l’utilisation abusive de vos images « à la source« .
Tout d’abord, pensez EXIFs et champs IPTC. Cet ensemble de métadonnées incluant entre autres l’ouverture, la définition ou l’espace colorimétrique d’une image, peut également embarquer des informations bien plus pertinentes et utiles telles que l’auteur, la date de prise de vue, le copyright ou les mots-clés. Non seulement ces données peuvent vous permettre de signifier votre paternité, mais elles sont également très prisées par les iconographes, qui y voient une preuve de professionnalisme.
Vous pouvez gérer les métadonnées de vos images dans un premier temps depuis votre appareil photo (mention de l’auteur), mais également depuis votre catalogueur d’image préféré. Il existe également quelques outils spécifiques pour modifier gratuitement (parfois en masse) les données exifs de vos images : ExifTool, Exif Pro, Metadata++ (Windows), SetEXIFData (macOS), MetaImage (macOS, iOS – 19€), jExifToolGUI (Windows, Linux, macOS), FastPhotoTagger (Windows, Android), Exif Pilot (Windows, 79€ pour la fonction d’édition en masse)…
Ensuite, vous pouvez limiter le téléchargement de vos images en bloquant le clic droit sur votre site internet. Cela n’empêche pas de copier l’image avec un outil de capture d’écran (mais ce sera alors une version d’assez basse qualité) ou de la récupérer à l’aide du code source de la page ou d’une extension, et il est possible que votre site se trouve ralenti. Mais c’est toujours un plus pour protéger ses photos contre le vol. Vous pouvez le faire en quelques lignes de code ou un plugin à votre site WordPress.
Disable Right Click Images est très intéressant puisqu’il empêche le clic droit uniquement sur les images, laissant l’utilisateur copier d’autres informations, telle que votre adresse mail par exemple. Content Copy Protection & Disable Right Click est un poil plus extrême puisqu’il désactive toute forme de clic droit (mais affiche un message personnalisé), les glisser-déposer, les copier-coller et/ou l’affichage du code source. Pour celleux qui utilisent Wix, l’appli Right Click Protect propose la même chose. Enfin, pour les utilisateur·ices d’Adobe Portfolio, l’option est disponible dans les options du site.
Pensez également à téléverser vos photos dans une version « web » à définition limitée. Anticiper en redimensionnant l’image à sa taille d’affichage limitera les utilisations abusives et le ralentissement de votre site. Double bénéfice donc. Vous pouvez aussi ajouter un filigrane (propre, léger, subtile, élégant), même si personnellement je trouve ça très moche.
- Renseignez les métadonnées de vos images en incluant votre nom et les droits d’utilisation
- Bloquez le clic droit sur les images de votre site
- Réduisez la taille de vos photos au maximum avant le téléversement
- Ajoutez un filigrane comportant votre nom
Revenge porn, harcèlement et chantage
Concentrons-nous un moment sur les possibilités de détournements de nos photos personnelles plutôt que professionnelles. Ici il ne sera pas question d’obtenir une rétribution contre l’utilisation de nos images, ou d’en limiter les usages commerciaux mais plutôt de nous assurer de leur confidentialité.
Plusieurs cas peuvent se présenter suite à la diffusion d’une photo personnelle – voire intime – qu’elle ai été volontaire ou non. Il y a d’abord les problématiques liées à l’embauche : 85% des recruteurs vérifient le profil des candidats sur les réseaux sociaux avant de les inviter à un entretien4RégionsJob, 2018, 19% d’entre eux ont déjà refusé un candidat en raison de ses activités sur le web (dont +47% suite à la publication de photos inappropriées)5YouGov, 2017.
Voir aussi :
› étude CareerBuilder sur l’impact des réseaux sociaux sur une candidature, 2014 ;
› Facebook permet aussi de discriminer à l’embauche, étude de l’université de Paris-Sud, 2014.
Mais ce n’est pas ce qui peut nous arriver de plus pénible. Le harcèlement, le chantage et le revenge porn laissent eux, bien plus de traces sur la vie des victimes. Près d’1 jeune sur 3 qui a déjà envoyé des sextos en a subi des conséquences douloureuses : angoisse ou mal-être, harcèlement, sanction par les parents, dépression, hospitalisation ou tentative de suicide, exclusion scolaire, etc. 6Fondation de l’enfance : une personne menace de diffuser une photo ou une vidéo intime de mon enfant sur Internet.
Voir aussi :
› Le revenge porn (e-enfance.org) ;
› Faire face au sexting non consenti (education.gouv.fr) ;
› Chantage à la webcam (cybermalveillance.gouv.fr) ;
› Bonnes pratiques réseaux sociaux (cybermalveillance.gouv.fr)
Le sexting non consenti [l’un des deux partenaires diffuse en public la photographie qui avait été donnée ou prise dans un cadre intime] est le cumul de trois blessures. La victime a été trahie par celui ou celle en qui elle avait confiance ; elle est exhibée aux yeux de tous ; ses pairs l’humilient et l’insultent. Il n’est pas exagéré de dire qu’une victime de sexting non consenti se trouve en danger de mort.
Jean-Pierre Bellon, Dossier Pédagogique Cassandre, 2018
Pour rappel, diffuser des images sans l’accord de la personne représentée (revenge porn, sextorsion ou sexting non consenti) est une atteinte à la vie privée (article 9 alinéa 1 du Code civil). Le consentement est également valable en ligne. Les photos, vidéos et enregistrements présentant un caractère sexuel, même obtenus avec le consentement de l’intéressé, nécessitent son accord préalable avant leur diffusion. Sans cet accord explicite, la loi prévoit 7 ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende (article 312-1 du Code pénal). Deuxième rappel, les victimes – homme, femme, fille ou garçon – ne sont JAMAIS fautives et n’ont pas à avoir honte. Elles n’ont rien fait de mal en diffusant une photo d’elles-mêmes, quelle qu’elle soit.7Numéro vert (non surtaxé, anonyme et confidentiel) « Non au harcèlement » : 3020 (9h-20h).
Si le harcèlement à lieu sur internet : 3018 (9h-19h) De même, le chantage et les menaces (“chantage à la webcam”) sont tout autant puni par la loi : 5 ans d’emprisonnement et 75 000€ d’amende (article 312-10 du Code pénal).
- Signalez anonymement sur Point de contact ou sur le portail officiel du ministère de l’Intérieur les images à caractère sexuel, d’autant plus si elles représentent des mineurs ou rendez-vous en gendarmerie. Si vous êtes la victime, parlez-en à des proches et/ou appelez le numéro national contre les violences numériques au 3018.
- Partez du principe que tous les contenus numériques peuvent être interceptés, piratés, dupliqués, ou transmis à des tiers. Prenez donc le maximum de précautions quand vous diffusez des photos personnelles, qu’elles soient à caractère intime ou non : évitez de montrer votre visage, des signes distinctifs (tatouage, piercing) ou des lieux identifiables, limitez vos échanges avec des inconnus et effacer les contenus après réception.
- Privilégiez l’utilisation de messageries chiffrées et bannissez les GAFAM (moins de risques de fuites, de revente de données et d’intrusion)
- Utilisez des mots de passe forts (pensez “phrase” de passe plutôt que “mot” de passe), et changez-les régulièrement
Pédagogie et défense des droits des photographes
Pour conclure et revenir à mon premier conseil (ne rien diffuser en ligne), le seul levier d’action majeur reste la pédagogie. Puisqu’il nous est impossible de nous prémunir à 100% contre une utilisation abusive de nos images, il est primordial de former le plus de personnes possible aux droits afférents aux œuvres et en particulier aux photos (droit d’auteur, droit à l’image, respect de la vie privée) et aux possibles préjudices que ces détournements peuvent avoir, financièrement ou psychologiquement.
Pour cela, vous pouvez au quotidien agir pour informer vos proches et éduquer vos clients. Mais une démarche plus efficace consiste à soutenir les organisations professionnelles qui se battent chaque jour pour défendre et faire connaitre les droits des photographes, en France et en Europe : UPP, SAIF, ADAGP, FFPMI, CAAP, SNADI, CEPIC, SCAM, etc. Ces organismes et sociétés de gestion collectives ont la capacité de négocier des accords globaux concernant la rémunération des photographes, avec des entreprises aussi importantes que Meta, par exemple. Ils luttent aussi pour replacer le droit d’auteur au sein même de la relation entre professionnels, entre le créateur et le diffuseur (la plateforme).
- Adhérez à une société de gestion collective et/ou à un syndicat professionnel
- Utilisez les outils de traçage mis à votre disposition, comme Pixtrakk
Ce sont d’ailleurs ces OGC (en particulier le CEPIC, depuis 2019), qui luttent pour le partage de la valeur générée par les œuvres sur internet (responsabilité des plateformes pour le contenu partagé par les internautes, valorisation de l’utilisation des photos, renversement de la charge de la preuve de la paternité en cas de litige, lutte contre l’effacement des métadonnées par les organes de presse et le recours automatique aux DR, etc). Une belle discussion à ce sujet a eu lieu lors du dernier Parlement de la photographie :
↻1 | Présentation d’Ipocamp sur le site Presse Profession Audiovisuel |
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↻2 | Blockchain and Smart Contracts in Photography. Voir aussi : Blockchain et propriété intellectuelle (synthèse à partir de 1:39:40) |
↻3 | Culture numérique, Dominique Cardon, Presses de Sciences Po, 2019. Voir aussi : › Blog de Lionel Maurel S.I.Lex ; › La Cathédrale et le Bazar, Eric Raymond ; › Le droit d’auteur est-il une notion périmée ? |
↻4 | RégionsJob, 2018 |
↻5 | YouGov, 2017. Voir aussi : › étude CareerBuilder sur l’impact des réseaux sociaux sur une candidature, 2014 ; › Facebook permet aussi de discriminer à l’embauche, étude de l’université de Paris-Sud, 2014 |
↻6 | Fondation de l’enfance : une personne menace de diffuser une photo ou une vidéo intime de mon enfant sur Internet. Voir aussi : › Le revenge porn (e-enfance.org) ; › Faire face au sexting non consenti (education.gouv.fr) ; › Chantage à la webcam (cybermalveillance.gouv.fr) ; › Bonnes pratiques réseaux sociaux (cybermalveillance.gouv.fr) |
↻7 | Numéro vert (non surtaxé, anonyme et confidentiel) « Non au harcèlement » : 3020 (9h-20h). Si le harcèlement à lieu sur internet : 3018 (9h-19h) |
Super article ! très intéressant !
Je ne pense absolument pas à tout ça..
Haha je me doute. Cet article est en effet plutôt destiné aux personnes qui ont été confronté au moins une fois au vol ou au détournement de photo… EN général, avant que ca n’arrive, on est pas hyper parano 😅
Depuis que je me suis fait piquer mon téléphone avec toutes mes photos, je suis une psychopathe de la sauvegarde!
AH bah ca je veux bien croire oui ! 😱 L’angoisse !
En voilà un article très intéressant et il serait bon que ces informations soient partagés avec tous, et prennent place dans les programmes à l’école. (collèges, lycées).
Personnellement c’est quelque chose que je déteste, voilà pourquoi je mets mon pseudo sur chacunes de mes photos, même si cela est facilement contournable, la preuve en est… Une blogueuse qui n’avait pas envie de se faire chier à faire certaines photo n’a pas hésité à couper pour se les approprier et je trouve ça lamentable.
Oh je t’entends, c’est bien triste et très frustrant 😤 Malheureusement, comme je le dis dans l’article, il n’y a aucune manière 100% fiable d’empêcher qqun d’utiliser nos photos. On ne peut que limiter la casse et informer le plus de personnes possible en espérant que…
Merci pour cet article, il est très intéressant. Il y a tellement de choses que l on ne sait pas. Mais au moins j aurais appris des choses.
Je suis super heureuse de lire ça ! 😃 C’est ce qui me plait derrière le blogging, pouvoir apprendre des choses et les partager avec d’autres 😉
Merci pour cet article ultra complet il y a des choses auxquelles on ne pense pas parfois… pour la part je suis un vrai chat noir des photos j’en ai perdu tellement que je me suis enfin mise au cloud ! Un bon début 😉
C’est en effet un très bon début ! Oui, on y pense souvent après coup, quand c’est déjà un peu trop tard 😅
Merci pour cet article fort pertinent et détaillé.
Au plaisir!
A partit du moment ou une image est sur le Net elle est dans le domaine public. Il faut les protéger mais cela revient vite cher.
Et non ! Une image ne passe pas dans le domaine public une fois publiée sur le net. La loi s’applique toujours, et chaque image reste protégée. En droit Français et Européen, une oeuvre entre dans le domaine public 70 ans après la mort de son auteur, et il n’est pas possible de faire entrer même volontairement son oeuvre dans le domaine public d’une autre manière. Ce qui s’en rapproche le plus serait le CC0. Le droit des auteurs est de plus confirmé et protégé par tous les signataires de la convention de Berne.
Si tu utilise ou copie une oeuvre mise à disposition sur Internet sans l’accord express de l’auteur, tu peux être poursuivi pour contrefaçon. C’est un acte illégal, c’est du piratage, c’est puni par la loi. Internet n’est pas une zone de non-droit.
Enfin, protéger ses images est gratuit : aucune démarche n’est a effectuer pour les protéger (au sens de la loi). En revanche, limiter le piratage peut avoir un coup, mais je propose dans mon article un certain nombre de solutions 100% gratuites.
Je t’invite fortement à relire mon article, et à te renseigner sur ce qu’est le domaine public et la loi sur internet 😉